En tant que chanteuse, naturopathe et professeur de chant, je remarque souvent qu’à cette période hivernale, les gens souffrent d’aphonie.
Que se passe-t-il avec la voix ?
Notre voix traduit nos émotions, celles du temps présent mais aussi celles vécues dans l’enfance.
« J’en ai le souffle coupé »
« Il m’a laissé sans voix »
« Je l’ai en travers de la gorge ».
Ces expressions populaires parlent à tout le monde et montrent bien qu’il y a interaction entre l’émotionnel et le corps, que ce soit le ventre, ou là, en l’occurrence, la voix.
Les deux cordes vocales, qui forment le son, peuvent être, en effet, blessées, traumatisées, abîmées par la vie quotidienne.
Le cri, qui arrive dès les premiers jours de la vie, ne crée pas d’hématome de la corde vocale alors que chez l’adulte, cela est possible. Les fumeurs n’ont pas tous un œdème des cordes vocales. Les personnes concernées par le reflux gastrique n’ont pas toutes de granulome vocal.
Cela signifie que certaines personnes vont avoir des pathologies du larynx, d’autres non.
Que se passe-t-il sur un plan physiologique ?
Le larynx, l’organe qui permet de produire le son, est situé dans la partie basse de la gorge. Il forme avec le pharynx le carrefour aéro-digestif. Il amène l’air vers la trachée et permet aux aliments de se diriger vers l’œsophage.
Il a ainsi plusieurs fonctions : il permet la phonation, c’est à dire l’ensemble des phénomènes qui concourent à la production de la voix, il participe à la respiration et protège les voies aériennes en leur permettant d’aller dans la bonne direction.
De ce fait et de par son anatomie, il peut être sujet à différentes pathologies comme par exemple la dysphonie qui est un trouble affectant les capacités vocales et qui se manifeste par un enrouement, une voix rauque, grave et peu timbrée ou l’aphonie qui peut commencer par une dysphonie évoluant vers une extinction de voix.
« Primum non nocere »
« D’abord ne pas nuire »
Hippocrate
Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
Les causes peuvent être multiples.
La principale est la fatigue. Un cycle de sommeil est composé d’un stade 1 puis stade 2 dit « sommeil léger », d’un stade 3 et 4 nommés « sommeil lent profond ». Environ quatre-vingt-dix minutes plus tard, le sommeil paradoxal commence. Ce cycle se répète quatre à six fois selon la durée du sommeil. Le sommeil lent profond occupe la plus grande partie des premiers cycles.
Chaque personne a son rythme biologique de sommeil. Mais face à certaines obligations comme les horaires de travail contraignants ou le rythme de la vie familiale, il arrive que les horloges biologiques indiquent qu’il est temps d’aller se coucher sans que cela soit possible de le faire.
De cette fatigue découle tout le reste.
Si on regarde bien la logique des choses, cette fatigue va amener un stress occasionnel qui peut devenir permanent si on n’y prête pas attention. Ce stress peut amener à parler plus fort et à être moins attentif à la manière dont poser la voix.
Si à cela s’ajoute le fait de fumer, les cordes vocales s’en trouvent très affaiblies.
Avec la fatigue et le stress, en général, on est moins motivé pour cuisiner et on se dirige plus facilement vers des plats cuisinés, des pizzas ou des sandwiches que vers des crudités. Et il y a aussi la plupart du temps, consommation de café. Et là, les choses se compliquent. En effet, un petit noir permet de se donner un coup de fouet mais ce qui se passe physiologiquement est tout autre. À l’ingestion d’un café, le corps réagit en bloquant la digestion pendant deux heures.
Cela peut avoir des incidences sur les cordes vocales.
L’aphonie a différentes causes.
Elle peut venir d’une hygiène de vie approximative ( voir l’article précédent).
Les raisons de l’aphonie peuvent venir aussi d’autres facteurs.
En cas de fatigue, elle peut s’expliquer plus en profondeur, par un problème hormonal.
Si l’on tire trop sur la thyroïde, la glande essentielle qui porte sur les activités générales de l’individu, cela peut avoir des conséquences néfastes sur les cordes vocales.
Par ailleurs, les cordes vocales peuvent être fragilisées par la pollution sonore ou de l’air.
Si la personne côtoie souvent des lieux publics, au début, s’il n’y a pas encore beaucoup de monde, elle parle à son interlocuteur avec une voix peu puissante. Au fur et à mesure que ce lieu se remplit, elle est amenée à parler plus fort du fait du bruit ambiant. De ce fait, elle force sur sa voix qui se fatigue. Pour que l’interlocuteur l’entende, il faut que sa voix soit 5db au-dessus du bruit parasite. Cela peut être très néfaste pour les cordes vocales.
S’il y a un changement de température brusque, cela sera néfaste à la santé du corps et des cordes vocales.
L’état de santé de l’homme est tributaire du climat. En plein été, s’il fait chaud dehors et qu’à l’intérieur, l’endroit est climatisé, la voix va s’altérer.
L’équilibre de l’humidification des cordes vocales n’aura pas eu le temps de s’adapter.
S’il fait froid et que l’on marche dans la rue en parlant, l’exposition des cordes vocales aux rigueurs du climat assèche les voies respiratoires.
Dans les lieux publics, salles de cinéma, salles de concerts, salles de conférences, dans les trains, dans les classes ou dans les bureaux, un équilibre de la température et de l’hygrométrie et une climatisation adéquate sont des paramètres qui protègent au mieux la stabilité vocale. Mais trop souvent la climatisation est trop forte. La ventilation remue les poussières des cinémas ou autres lieux et l’allergène provoque un nez qui coule. Un œdème des fosses nasales s’installe et le nez est obstrué !
Cette allergie aura deux conséquences. La première, c’est une gêne respiratoire et donc une gêne d’humidification des cordes vocales avec des sécrétions de glaires, des mouchages et des raclements. La seconde, plus sournoise, est un déséquilibre de la muqueuse nasale et pharyngée qui reste gonflée. C’est la rhinite allergique qui peut créer une congestion vasculaire.
Cet ensemble de facteurs fragilise le corps et peut amener le début des maladies comme des rhino-pharyngite ou des laryngites.
Que faire pour éviter l’aphonie ?
La priorité est d’avoir une bonne hygiène vitale et pour ça, dans un premier temps, il est primordial de prendre soin d’écouter son horloge biologique et de dormir le nombre d’heures nécessaire pour se réveiller en forme et de bonne humeur. L’idéal étant de se coucher avant 21h30 pour bénéficier d’un réveil dit réparateur.
Dans un deuxième temps, il est essentiel de comprendre que le carburant que l’on mets dans notre corps a une grande importance. Il est censé nous donner la patate, pour qu’on ait la banane et la pêche, alors ? Que faut-il comme carburant à votre avis ?
Des aliments beaux à regarder, bons au goût et qui soient nutritifs un maximum pour nos cellules.
S’alimenter avec le plus d’apports crus, qui sont sources de vitamines, d’oligo-éléments et de minéraux vivants va aider le corps à être en excellente santé. Et si vous ne savez pas comment faire ou si cela vous fait peur, allez voir un naturopathe qui saura vous guider au mieux pour aller doucement mais sûrement vers ce type d’alimentation.
Dans un troisième temps, éviter le stress en pratiquant des respirations comme expliqué dans un de mes articles précédents nommé « L’art de respirer », faire des méditations guidées, du yoga ou du sport au moins une fois par semaine.
Ensuite, protéger vos cordes vocales lorsque vous sortez à l’extérieur à l’aide d’une écharpe. Et lorsque vous êtes dans un lieu public, soyez attentif au volume sonore qui vous entoure et évitez de parler trop fort et de rester dans des endroits enfumés.
Que faire en cas d’aphonie ?
La priorité est de soulager l’inflammation.
Plusieurs gargarismes possibles :
Le premier que je vous conseille est de se gargariser avec :
– une cc de vinaigre de cidre
– eau tiède
– miel
Ça n’est pas très bon mais c’est très efficace !
Le deuxième gargarisme est :
– ½ cc de bicarbonate
– ½ citron
– eau tiède
Le dernier gargarisme que je connais est celui d’une infusion de dix minutes de fleurs et feuilles de mauve.
Et si on regardait du côté des plantes ?
Faire des infusions, c’est bien. Le top est de consommer seul du miel de thym et ensuite de boire des infusions de thym et romarin. Ce dernier est mucolytique et bactéricide tandis que le thym permet de lutter contre les rhumes et les difficultés respiratoires.
Par ailleurs, il existe une plante nommée Erysimum ou encore Sisymbium officinalis et de manière plus commune vélar. Elle dispose de vertus expectorantes grâce à ses feuilles qui peuvent calmer la toux et les inflammations du larynx. Elles sont préconisées en cas d’enrouement de la voix. Et comme elles sont aussi mucolytiques, elles permettent l’évacuation des mucus.
Afin de bien profiter des vertus du vélar, il est important de bien respecter le dosage dans les diverses préparations thérapeutiques.
En infusion : 10g de sommités fleuries pour une tasse d’eau chaude, voire bouillante. Laisser infuser vingt minutes et boire trois tasses par jour.
Cette plante fait partie d’une recette magique contenue dans « l’Élixir du Bochoi »
Suite à l’article précédent, je vais vous conter l’histoire de l’Élixir du Bolchoi telle que je l’ai lue : le Théâtre du Bolchoi aurait été invité pour plusieurs représentations à l’Opéra Garnier au début du XX ème siècle. Cependant, juste avant que les artistes Russes ne montent sur scène, survint un drame: extinction quasi-générale des voix ! Le directeur du « Grand Théâtre » imperturbable et sans doute très respectueux des recettes que lui avait apprises sa grand-mère durant son enfance, se rendit à la pharmacie la plus proche et indiqua au pharmacien les ingrédients de son remède miracle !
Comme vous vous en doutez, le soir même, les chanteurs firent un triomphe !
Et le pharmacien, bien chanceux de son côté, conserva l’exclusivité de cet élixir ! C’est toujours le cas un siècle plus tard !
Si un jour vous sentez votre voix malmenée, voilà l’adresse pour vous procurer cet Élixir : Pharmacie de la Comédie-Française, 2 place André Malraux à Paris !
Pour ce problème, et de manière urgente, sur le plan alimentaire, vous pouvez vous en remettre très vite mais pas sur la durée, en écrasant une banane dans du lait que vous aurez chauffé au préalable, et en mettant beaucoup de miel.
C’est très efficace et très pratique en cas d’urgence !!
Voilà pour les différents remèdes pour sauver sa voix.
Et surtout, je vous invite à savoir protéger votre voix en apprenant à la poser pour éviter de crier. Il vaut mieux apprendre à parler fort sans avoir à forcer sur ses cordes vocales. Cela peut se faire à l’aide d’un professeur de chant.
Également, à la reposer en évitant les lieux pollués aussi bien sur le plan sonore que sur le plan aérien. Et à respecter la première règle qui est de se reposer !!
Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à me contacter !